Hommage à Louis Nicollin

Nicollin

Personnage à part de l’histoire du sport et de notre région, aussi attachant que visionnaire, Louis Nicollin fut le fondateur du club en 1974, et celui qui l’emmènera de la Division d’Honneur (DH) au titre de Champion de France, jusqu’à la Ligue des Champions en 2013. Jusqu’à son départ final en 2017, jour de ses 74 ans, retour en images et en témoignages sur l’itinéraire hors norme de celui qui aura marqué à jamais tout un sport, toute une histoire, et toute une région.

Les origines d’un destin

Né à Valence en 1943, Louis Nicollin grandit à Saint-Paul-lès-Romans, élèvé jusqu’à ses 8 ans par sa grand-mère maternelle tandis que ses parents, marchands de charbon, travaillent dur. Lorsqu’éclate la grève des ordures ménagères à Lyon, la destinée de la famille prend un nouveau tournant. Édouard Herriot, maire de la Ville, mobilise en effet des camions pour remédier à la crise ; parmi eux, celui de Marcel Nicollin, père de Louis : « Mon père était au volant et le maire l’arrête : ‘‘Vous direz merci à votre patron de nous avoir loué son camion.’’ Mon père lui a répondu, ‘’Mais c’est moi le patron ! ». Quinze jours plus tard, il obtient le marché ordures ménagères de la Ville de Lyon. « C’était un vrai coup de chance car des camions il y en avait beaucoup ce jour-là… À mon avis, dans la vie, on a toujours un jour de chance… Il faut juste savoir la saisir ». Tandis que l’entreprise familiale se lance, Louis poursuit « tranquillement » ses études au Cours Pascal : « Je m’en foutais de l’école. J’ai été bête d’ailleurs… J’aurais pu devenir ingénieur car j’étais très fort en maths… Par contre le français, Chateaubriand tout ça, ce n’était pas mon truc. ». En succédant à son père, Louis Nicollin deviendra par la suite l’un des plus grands chefs d’entreprise de l’Hexagone et fera du groupe l’un des plus puissants de son secteur.

« À mon avis, dans la vie, on a toujours un jour de chance… Il faut juste savoir la saisir »

Enfant du stade Gerland devenu Père de La Paillade

Louis Nicollin et le football, c’est l’histoire d’une passion qui démarre à Lyon, le club de son enfance. Avec ses copains qui y jouent : Jimmy Pistilli « un grand espoir de l’OL », était au Cours Pascal avec Louis, tout comme Jean Dumas qui jouera jusqu’en 1965 et bien sûr Robert Nouzaret, scolarisé à la Martinière. Grâce à eux il fait la rencontre de Fleury Di Nallo. « Eux ils étaient pros et moi pendant les vacances scolaires je ramassais les poubelles. C’était moins marrant mais enfin c’était comme ça ». Son premier match de foot, Lyon – Troyes à Gerland en 1955, Louis Nicollin le contait comme s’il l’avait vécu la veille. Ce soir-là, l’OL s’était imposé 2-0 grâce à des buts de ses deux Suédois Hjalmarsson et Jensen. « Lyon avait une sacrée équipe. Il y avait Schultz l’avant-centre, Fatton le Suisse, Pelevert, Ninho, Antonelle, André Lerond, Duval dans les buts… Toute la fameuse époque de 1955 à 1960… ». L’enfance footballistique de Louis Nicollin, c’est aussi les derbies face à Saint-Etienne : « Mon premier derby, c’était en 1957. Lyon avait gagné 1-0 à Geoffroy-Guichard, but de Ninel » ? Quant à sa première idole, Louis Nicollin désignait sans hésiter André Lerond : « J’étais très malheureux quand il est parti au Stade Français. Je me souviens que la première année où il est revenu jouer à Gerland, l’OL avait perdu 7-1. J’en étais malade. »

« Jamais je n’aurai pensé qu’un jour on irait au Parc des Princes ou à Gerland… mais je le dois beaucoup à mon ami Bernard Gasset. »

« Eux ils étaient pros, et moi pendant les vacances scolaires je ramassais les poubelles. C’était moins marrant mais c’était comme ça »

Le MHSC vainqueur de la Coupe de France 1990

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De la DH au titre de champion de France de Ligue 1

La Paillade, l’histoire de sa vie. La « fille qu’il n’a jamais eue ». Débarqué à Montpellier en 1967, ce n’est que dix ans plus tard à la mort de son père que Louis Nicollin reprend l’entreprise familiale. Entre temps, le fidèle de Gerland est devenu un acteur du football en créant en 1974 le Montpellier Paillade SC. Une décision pas franchement prévue au départ : « J’étais l’homme le plus heureux du monde. J’avais mon club de corpo, mon pote Bernard Gasset connaissait tous les joueurs du coin et comme à l’époque on avait le droit de jouer en double licence, on avait recruté plein de joueurs de Sète et d’Alès… Et puis un journaliste de Midi Libre, Carlo Llorens, insiste pour qu’on fusionne avec le club de La Paillade, qui était dernier de DH. On a alors abandonné tout le corpo et toute l’équipe est passée dans le civil. », en plein milieu de la saison de ce mois de novembre 1974.

Avec lui, les anciens Lyonnais Augé, Calmette, Fleury Di Nallo et Nouzaret

Finalement, l’incroyable pari est tenu et La Paillade se maintient en DH. Dès l’année suivante, Louis Nicollin fait venir Augé, Calmette et Fleury Di Nallo. D’autres anciens Lyonnais suivent dont Robert Nouzaret, entraîneur du club montpelliérain dès 1976. « Ils avaient mon âge, on était potes et franchement, quand je les payais à la fin du mois, ça me faisait tout drôle. Peu à peu La Paillade gravit les échelons et accède une première fois à la D1 en 1980, puis durablement en 1987. Avec la montée en D2 puis en D1, les premières confrontations avec l’Olympique Lyonnais : « Je m’en souviens d’un rendez-vous en Coupe de France. Bernard Ducuing était notre capitaine. On avait perdu à Lyon un peu contre le cours du jeu et on avait gagné au match retour. C’était Jacquet l’entraîneur à l’époque… En face il y avait Chiesa, Jodar… Mais on était passé ! »

« Ils avaient mon âge, on était potes, quand je les payais à la fin du mois ça me faisait tout drôle»

Le titre de Champion de France remporté en 2012, une légende à son sommet

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Le souvenir d’un bâtisseur et d’un homme d’honneur

Bâtissant pierre par pierre « sa » Paillade, le club qui a occupé ses jours et ses nuits sans discontinuer, Louis Nicollin l’emmènera jusqu’à son graal : la victoire de la Coupe de France, en 1990, et plus encore en 2012 avec le titre de champion de France. Récompense et reconnaissance de toute une vie, pour un homme fidèle et dévoué au sport montpelliérain et à l’Occitanie dans son ensemble. Son oeuvre, le MHSC, est le reflet de son créateur : travailleur, familial et sans chichis. « Moi je travaille dans les poubelles » disait-il le sourire en coin, comme pour rappeler qu’il n’oublierait jamais d’où il vient.

« Premier Président à créer la section féminine d’un club professionnel, et l’un des premiers Présidents de club à miser sur la formation »

Des valeurs humaines et de bâtisseur visionnaire qui l’ont poussé à être le premier Président à créer la section féminine d’un club professionnel, et l’un des premiers Présidents de club à miser sur la formation. Jovial, franc, sincère, toutes celles et ceux qui l’ont connu en témoignent : Louis Nicollin n’était qu’affection, gentillesse et simplicité.« Tu volais souvent au secours du plus faible, tu détestais l’injustice », rappelait Gilbert Varlot, dans la cathédrale de Montpellier bondée de ses obsèques.

Le 29 juin 2017, jour de ses 74 ans ; 74 aussi comme l’année de création du MHSC, le grand homme s’en est allé… Symbole des valeurs humaines qui ont porté le club tout au long de son histoire, Louis Nicollin incarne l’Esprit Paillade pour toujours. Comme lui dans nos coeurs, nous souhaitons le faire rayonner, aujourd’hui et demain, plus que jamais.

Louis Nicollin aux côtés de Georges Frêche et d’une foule de supporters en liesse

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